Pourquoi les retraités choisissent de continuer à travailler ?

Avec l’allongement de l’espérance de vie et une meilleure santé globale des seniors, l’image du retraité inactif ne colle plus à la réalité. Selon une étude Ifop pour Malakoff Humanis en 2022, environ 30 % des retraités souhaitent ou envisagent de reprendre une activité professionnelle. Les raisons sont multiples :

  • Des revenus supplémentaires : Les retraites ne suffisent pas toujours à maintenir un niveau de vie confortable, surtout pour les petites pensions.
  • Le besoin d’utilité : Après une vie de travail, beaucoup ressentent le besoin de rester actifs et de garder un rôle social.
  • La passion : Pour certains, le travail est une vocation ou une passion, incompatible avec une coupure totale.
  • Le lien social : Travailler permet souvent de conserver des interactions humaines régulières, essentielles pour contrer l’isolement dont souffrent parfois les seniors.

Sous réserve du respect de certaines règles, cumuler une activité salariée ou indépendante avec la perception d’une pension de retraite est pleinement légal. Cependant, le cadre législatif peut se révéler parfois complexe.

Le cumul emploi-retraite : les deux formes possibles

Pour bien comprendre, il faut d’abord savoir qu’il existe deux types de cumul emploi-retraite : le cumul intégral et le cumul partiel.

1. Le cumul intégral

Le cumul intégral, comme son nom l’indique, permet de toucher l’intégralité de sa pension de retraite tout en percevant des revenus issus d’une activité professionnelle. Ce dispositif est accessible aux retraités qui remplissent deux conditions :

  • Avoir cessé toute activité professionnelle auprès des employeurs couverts par le régime sollicité au moment de la liquidation de leur retraite.
  • Avoir liquidé l’ensemble de ses droits à la retraite (de base et complémentaire) et bénéficier d’une retraite à taux plein (avoir validé le nombre de trimestres requis ou avoir atteint l’âge du taux plein automatique).

Dans ce cas, il n’y a aucune limite aux revenus cumulés : salaire et pension de retraite peuvent cohabiter sans restriction.

2. Le cumul partiel

Si l’une des conditions ci-dessus n’est pas remplie, le cumul reste possible mais sous certaines limites. La règle principale est celle du plafond de revenus :

  • Pour les retraités du régime général, le total “retraite + revenu d’activité” ne doit pas dépasser le dernier salaire perçu avant la liquidation des droits à la retraite.
  • Le plafond peut également être fixé à 160 % du SMIC ou au revenu moyen perçu sur les trois derniers mois d’activité avant liquidation (le choix dépend de la situation).

En cas de dépassement de ces plafonds, le paiement de la pension de retraite est suspendu pour un temps donné.

Quels impacts sur les droits à la retraite ?

Un aspect crucial pour les retraités souhaitant reprendre une activité professionnelle est la question des nouveaux droits à la retraite. Pour le comprendre, il faut distinguer deux cas :

1. Nouveaux droits pour une activité salariée

Depuis la réforme des retraites de 2014, les cotisations sociales versées par les retraités sur leurs nouveaux salaires ne génèrent plus de nouveaux droits à la retraite (temps cotisé ou points supplémentaires). En d’autres termes, bien que vous continuiez à cotiser pour l’assurance vieillesse, ces cotisations ne servent qu’à financer les régimes, sans vous offrir d’avantages directs.

2. Particularités pour les travailleurs indépendants

Pour les retraités exerçant une activité indépendante, la situation peut varier selon le régime concerné. Dans certains cas, il est possible de valider de nouveaux droits si l’activité relève d’une reconversion avec un régime de retraite différent de celui initialement liquidé. Néanmoins, ces situations demandent une étude approfondie de dossier pour vérifier les éventuelles ouvertures cumulatives.

Qu’en est-il des autres conséquences fiscales et sociales ?

Reprendre une activité à la retraite engendre bien sûr des implications fiscales :

  • Impôt : Les revenus cumulés (pension + salaire) sont soumis à l’impôt sur le revenu. Cela peut vous faire changer de tranche d’imposition.
  • Charges sociales : Vous cotisez sur vos nouveaux revenus comme tout autre actif (maladie, chômage, etc.), à l'exception de l’assurance vieillesse qui, comme évoqué plus haut, ne génère pas de nouveaux droits.

Attention également à certains effets secondaires : un cumul élevé pourrait impacter des aides comme l’allocation personnalisée au logement (APL) ou entraîner une hausse de la contribution à certaines cotisations œuvrant pour la solidarité nationale.

Les démarches pour cumuler emploi et retraite

Si vous êtes tenté par l’aventure, voici les grandes étapes à suivre :

  1. Vérifiez vos droits : Assurez-vous de remplir les critères, notamment pour bénéficier d’un cumul sans plafond.
  2. Informez vos caisses de retraite : Dès l’entame de votre activité, informez vos différentes caisses pour éviter des erreurs ou des trop-perçus.
  3. Pensez à vos obligations déclaratives : Si vous reprenez une activité indépendante, renseignez-vous sur les spécificités administratives (URSSAF, immatriculation, etc.).

Il peut être judicieux, avant de vous lancer, de solliciter un conseil auprès de votre caisse ou d’un expert spécialisé dans la coordination des pensions et des salaires. Cela vous évitera certains écueils administratifs.

Le cumul emploi-retraite : une possibilité à bien encadrer

Reprendre une activité professionnelle à la retraite n’est pas une solution standard, mais cela reste une opportunité enrichissante et motivante, tant pour augmenter ses revenus que pour rester impliqué socialement. Cependant, cela demande une parfaite connaissance des règles en vigueur, pour éviter de mauvaises surprises, notamment en termes fiscaux ou sur ses pensions. Un conseil ? Prenez le temps de vous renseigner à l’avance, et surtout, choisissez une activité qui vous épanouisse !

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