Pourquoi les seniors sont-ils particulièrement visés ?

Naviguer sur internet, envoyer des photos à ses petits-enfants, lire des articles de presse ou consulter son compte bancaire en ligne : la vie numérique est aujourd’hui une évidence, et ce, à tout âge. Néanmoins, les statistiques montrent que les plus de 60 ans sont aujourd’hui une cible privilégiée pour de nombreuses attaques informatiques et escroqueries en ligne.

Selon une étude menée en 2023 par Cybermalveillance.gouv.fr, 32% des seniors reconnaissent avoir déjà été confrontés à une tentative de phishing (hameçonnage), et 41% s’inquiètent de la sécurité de leurs informations sur internet. Cette crainte est justifiée : la génération qui n’a pas grandi avec le numérique doit apprendre rapidement des réflexes qu’il a parfois fallu des années aux plus jeunes pour intégrer.

Mais les dés ne sont pas jetés. Il est non seulement possible, mais indispensable, de protéger sa vie privée et d’éviter les principales arnaques en ligne. Tour d’horizon des bonnes pratiques à adopter — et des pièges à éviter.

Identifier les principales menaces en ligne

Protéger ses données commence par reconnaître les dangers. Parmi les attaques les plus courantes aujourd’hui, trois se démarquent :

  • L’hameçonnage (phishing) : Des courriels ou SMS se faisant passer pour des contacts officiels (banque, impôts, CAF, assurance maladie…) sollicitent de cliquer sur un lien ou fournir des identifiants.
  • Les faux supports techniques : Un faux message d’alerte apparaît sur l’ordinateur, prétendant qu’il est infecté et invitant à appeler un “numéro d’assistance”. Une escroquerie très répandue, ayant coûté 18 millions d’euros aux Français en 2022 selon Le Figaro (source : https://www.lefigaro.fr/conso/la-fraude-au-faux-support-technique-une-arnaque-qui-fait-des-ravages-20221217).
  • Les vols de données via logiciels malveillants : Parfois à travers des pièces jointes piégées ou des téléchargements imprudents, les logiciels malveillants visent à voler des mots de passe ou accéder à des comptes bancaires.

Les réflexes essentiels : protéger ses comptes et appareils

Sécuriser ses mots de passe

  • Privilégier des mots de passe longs et complexes : Alterner lettres, chiffres et caractères spéciaux.
  • Éviter les informations évidentes (date de naissance, prénom d’un proche...)
  • Utiliser un mot de passe différent pour chaque compte important (messagerie, banque, sécurité sociale, etc.).
  • Penser à changer régulièrement de mots de passe, au moins une fois par an.
  • S’appuyer sur un gestionnaire de mots de passe, outil simple qui enregistre tous les accès en toute sécurité (exemples gratuits : Bitwarden, Dashlane).

Activer la double authentification

De nombreux services — banque, assurance maladie (Ameli), impôts.gouv, Gmail, etc. — proposent désormais la vérification en deux étapes. Cela signifie que, même si un mot de passe tombe entre de mauvaises mains, un code sera envoyé sur votre téléphone ou une application de vérification. Un rempart efficace contre l’usurpation d’identité.

  • Rendez-vous dans les paramètres de sécurité de chaque site important.
  • Suivez les instructions pour activer la double authentification.

Protéger ses appareils

  • Installer les mises à jour : elles corrigent souvent des failles de sécurité. Ne jamais les négliger !
  • Utiliser un antivirus reconnu (Kaspersky, Norton, Bitdefender… ou celui intégré à Windows, “Windows Defender” qui est déjà tout à fait efficace).
  • Éviter de télécharger des applications ou des programmes hors des boutiques officielles (Google Play, Apple Store, Microsoft Store).

Reconnaître les faux messages et savoir réagir

Comment reconnaître un courriel ou SMS frauduleux ?

  • Le message évoque souvent l’urgence (“votre compte va être fermé”, “une grosse somme vous attend”...)
  • L’expéditeur semble officiel, mais l’adresse électronique ou le numéro de téléphone comporte des anomalies (par exemple : [email protected]).
  • Le message contient des fautes d’orthographe, ou une mise en page approximative.
  • On vous demande de cliquer sur un lien ou d’ouvrir une pièce jointe suspecte.

En cas de doute, ne cliquez jamais sur le lien et n’ouvrez pas la pièce jointe. En cas de suspicion, contacter directement l’administration ou l’organisme via leurs coordonnées officielles (site web, numéro figurant sur votre carte bancaire ou document officiel).

Que faire si l’on a cliqué ?

  1. Déconnecter l’appareil d’internet (couper le Wi-Fi, débrancher le câble, etc.).
  2. Changer immédiatement le mot de passe associé au compte visé, depuis un autre appareil si possible.
  3. Prévenir sa banque si des coordonnées bancaires ont été transmises.
  4. Signaler l’arnaque sur Cybermalveillance.gouv.fr. Ce portail gouvernemental vous guide en cas d’incident.

Maîtriser ses informations sur les réseaux sociaux et internet

En France, 45% des 60-69 ans utilisent les réseaux sociaux (source : Baromètre du numérique 2023). Publier une photo, partager une opinion : c’est souvent anodin, mais quelques réglages simples évitent bien des soucis.

Contrôler ses réglages de confidentialité

  • Vérifier qui peut voir vos publications (amis, famille uniquement ? Tout le monde ?).
  • Limiter les informations accessibles publiquement : pas de coordonnées (adresse, téléphone), pas de détails sur votre situation familiale ou vos habitudes de déplacement.
  • Consulter régulièrement la section “Sécurité et confidentialité” de chaque réseau. Les règles évoluent, les options aussi.

Se méfier des jeux et applications tiers

Un exemple : les petits quizz “Quel animal sommeille en vous ?” ou les tests de personnalité proposés sur Facebook. Ils peuvent aspirer discrètement vos données personnelles. Avant d’accepter, lisez toujours quelles autorisations sont demandées—souvent le jeu réclame l’accès à votre liste d’amis, à vos photos, voire à vos messages privés.

Gérer ses droits et son identité numérique

En tant que citoyen·ne européen·ne, vous bénéficiez du RGPD (Règlement général sur la protection des données) depuis 2018. Il vous offre le droit de savoir, de corriger et même de supprimer les informations que les entreprises détiennent sur vous.

  • Sur n’importe quel site, vous pouvez demander un export ou une suppression de vos données via un formulaire ou par simple mail.
  • Obtenez des modèles de courriers adaptés sur le site de la CNIL, la Commission nationale de l’informatique et des libertés.
  • Pour signaler un site abusif, la CNIL ou Signal Spam sont là pour vous.

À noter : en 2022, la CNIL a reçu plus de 13 000 plaintes de citoyens concernant leurs données (source : Rapport annuel CNIL 2022). Une preuve vivante que les droits évoluent, tout comme la vigilance des Français.

Quelques conseils supplémentaires pour gagner en tranquillité

  • Ne jamais communiquer ses codes bancaires ou photocopies de carte d’identité en ligne, sauf sur des sites officiels et vérifiés.
  • Utiliser, si possible, une adresse mail dédiée pour l’administration et la banque, différente de celle utilisée pour les loisirs ou les achats.
  • Méfiez-vous des trop bonnes affaires, des héritages inattendus ou des demandes d’amitié de “beaux inconnus” sur les réseaux.
  • Si vous avez un doute, parlez-en à un proche, un membre de votre famille ou une association comme France Services, qui propose des ateliers et de l’aide sur les démarches numériques (voir : https://www.france-services.gouv.fr/).

À retenir pour une navigation sereine

Protéger ses données personnelles n’est pas l’apanage des “experts”. Quelques gestes simples, un peu de vigilance et un soupçon de curiosité suffisent à faire la différence. L’important, c’est de ne jamais hésiter à poser des questions : l’entraide, la discussion avec ses proches, sont souvent le meilleur antivirus. Gardez à l’esprit que, sur internet comme ailleurs, tout ce qui paraît trop beau pour être vrai… l’est souvent.

À l’heure où la vie privée s’étire dans le monde digital, c’est la connaissance et le dialogue qui restent la meilleure protection. Rester informé, c’est aussi rester maître de sa voix — et de ses choix.

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